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15/12/2014

Voiturage UberPop : interdit à Madrid, La Haye, Delhi, Portland, poursuivi à Los Angeles et San Francisco, mais accueilli par le tribunal de commerce de Paris !

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Ce faux "covoiturage" n'est que du e-business : 


 

Titre des médias ce matin : « Covoiturage, la justice française ne bloque pas UberPop ». Deux scandales en une seule phrase !

 

> Scandale n° 1 : appeler « covoiturage » le système UberPop. Comme les mots « croissance verte », « multinationale écologique », «agro-alimentaire bio » ou « libéralisme conservateur », « covoiturage payant » est l'un de ces oxymores par lesquels le tout-marché récupère les initiatives libres. Explication : le covoiturage était né comme idée altruiste et gratuite, au contrepied du monde actuel où tout doit devenir marchandise. Des sociétés européennes (CarPooling, iDVroom, BlaBlaCar) s'étaient fondées ensuite, toujours  sur le principe « communautaire » de la participation aux frais. Ça restait convivial. Mais le groupe californien Uberpop, implanté dans soixante pays (et à Paris depuis onze mois), est venu infecter l'idée en la rendant payante façon voiture-avec-chauffeur  low-cost, avec maraude internet* mais sans les obligations des taxis : qualification professionnelle, assurance, Sécurité sociale etc ! Ce n'est pas du covoiturage, c'est du business hors-sol : simple plate-forme technologique avec application pour smartphones, UberPop prélève sa commission sur ces milliers de chômeurs devenus pseudo-chauffeurs...

> Scandale n° 2 : « la justice française ne bloque pas UberPop ». Mieux vaudrait dire : « le tribunal de commerce de Paris ». Et le pire est à venir : quand la classe politique européenne – France en tête – aura validé le traité de libre-échange transatlantique, les sociétés transnationales pourront faire condamner (pour « entrave au libre marché et à la libre concurrence ») les Etats dont la législation présentera encore des traces de protection sociale, ou laissera encore survivre des initiatives gratuites. Par exemple le covoiturage... Le gouvernement ayant découvert que la formule UberPop est illégale en France, la firme de « covoiturage payant » n'a qu'à attendre la signature du traité TAFTA ; après quoi elle fera condamner M. Valls, en France, par un tribunal de businessmen américains. Dans un deuxième temps, les firmes du type UberPop attaqueront la République française parce qu'elle laisse vivre le covoiturage gratuit, concurrence déloyale envers les services de voiturage payant. You stinking cheese-eaters french Communists !

UberPop a déjà commencé les hostilités : avant même que le TAFTA soit signé, elle conteste la légalité de la loi française* régulant les taxis et VTC. Pourquoi cette loi est-elle illégale aux yeux de « nos amis américains », comme on dit à l'UMP ? Parce qu'elle « porte atteinte à la liberté d'entreprendre ». Le tribunal de commerce de Paris a traduit cette accusation californienne en une « question prioritaire de constitutionnalité » qu'il va transmettre à la Cour de cassation. Que va faire celle-ci ? Trancher en faveur d'UberPop, la dérégulation devenant le pilier de notre Constitution ?

Depuis Maastricht, le système judiciaire français (que d'aucuns s'obstinent à qualifier d'étatiste) fonctionne de plus en plus souvent en faveur de la dérégulation. Il est enferré dans ce sens plus que les tribunaux étrangers : contrairement à la France, l'Espagne et les Pays-Bas ont interdit UperPop par voie de justice. Mieux encore : les procureurs de Los Angeles et San Francisco ont déposé, le 9 décembre, une plainte contre UberPop, accusé de publicité mensongère et d'illégalité quant aux licences des chauffeurs ! Quant à la ville de Portland (Oregon), elle vient d'interdire UberPop sous peine de lourdes amendes. Le 7 décembre, en Inde, la ville de Delhi a interdit UberPop après le viol d'une jeune cliente par un chauffeur. Etc.

Mais allez expliquer ça aux notables français des tribunaux de commerce ! Vous les feriez rire... Lecteurs des journaux libéraux-conservateurs, ils savent que « l'adversaire c'est l'Etat », que les Français sont la honte du Monde Libre à force de «bloquer la croissance », et qu'UberPop pèse déjà 40 milliards de dollars.

 

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* Le client télécharge l'application sur son smartphone, se géolocalise et commande son véhicule en un clic.

**loi censée entrer en vigueur le 1er janvier 2015, selon le ministère de l'Intérieur.

  

 

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Commentaires

@ PP

> Vous trouverez peut-être pertinent l'article qui suit. Uber a profité de la prise d'otage de Sydney pour... quadrupler ses prix habituels :
https://ca.news.yahoo.com/uber-backtracks-price-hikes-during-sydney-hostage-crisis-085101855.html
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Écrit par : François Sarrazin / | 15/12/2014

ANORMAL

> Avec, en France, un développement anormal du pouvoir judiciaire qui ne se contente plus d'appliquer la loi mais de l'interpréter.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/12/2014

TERME

> pour le citoyen lambda que je suis il est incompréhensible que le terme de co-voiturage ait pu être accepté. Dans son sens usuel le co-voiture est une "alliance" de 2 personnages ayant prévu d'effectuer le même trajet avant de se rencontrer. Dans le cas jugé ici, le conducteur "accepte" de faire le même trajet que le payeur ; c'est radicalement différent.
Mais il est vrai que nous sommes dans un pays qui n'a plus peur de modifier par la loi le sens usuel des mots, donc partant de ce principe, on peut s'attendre à tout et en particulier à du n'importe quoi !
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Écrit par : franz / | 15/12/2014

LE BON COIN

> Ce système est signe aussi je pense de la montée des petits boulots, il n'y a plus de travail mais les petits boulots se développent ;
je me souviens qu'il y a une dizaine d'année on saluait la "renaissance" des cireurs de chaussures et le mérite des personnes qui "faisaient le choix" (faux choix bien sûr) de ces métiers.
D'ici peu les candidats vont sûrement batailler pour décrocher ce type d'emploi.
D'ailleurs aujourd'hui paraît-il que l'on trouve du travail non plus chez pôle emploi mais sur le-site-de-petites-annonces-que-tout-le-monde-connaît, telles ces offres de "chauffeur freelance" (dont UBER) :
http://www.leboncoin.fr/emploi/735283423.htm?ca=12_s
http://www.leboncoin.fr/emploi/705840331.htm?ca=12_s
Un autre exemple de petit boulot sur ce site, bien sûr tout cela est toujours présenté sous un angle positif et "challengé" et non pas comme un petit boulot d'étudiant (écrivez à l'annonceur vous verrez) :
http://www.leboncoin.fr/emploi/745388746.htm
C'est l'avenir !
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Écrit par : DV / | 16/12/2014

BONS COINS

> "Le Bon Coin ... premier site de vente et recel de France" dixit un officier de gendarmerie.
C'est l'absence de contrôle qui est catastrophique.
Pour les cireurs de chaussure, j'en connais au moins un qui a fait ça par choix.
"ce n'est pas plus bête que coiffeur, je discute avec les gens, je gagne ma vie, c'est utile. La première chose que j'ai dû faire c'est vaincre le qu'en-dira-t-on".
Ce qui choque c'est le fait de cirer une chaussure, de s'abaisser au pied, ce qui est vu comme humiliant dans une société où tout le monde veut être chef.
Comme l'intérim ; j'en ai fait pendant des années, très content de ce rythme et trouvant toujours du travail.
Le gouvernement un jour a décidé que, travailleur intérimaire, j'étais "en situation précaire", que l'intérim c'était indamissible.
On n'a plus rien trouvé.
J'ai donc dû trouver un CDI. Adieu liberté d'avoir du temps, bonjour existence toute donnée à gagner de l'argent.
Hélas, cela peut être aussi subi comme cireur de chaussure qui est aussi un moyen de blanchir l'argent sale (comme les sites d'annonces d'occasion du style Le Bon Coin)
______

Écrit par : E Levavasseur / | 16/12/2014

Les commentaires sont fermés.